L’insécurité, les troubles armés, les tueries permanentes, les déplacements de la population continuent à marquer le processus électoral au Nord-Kivu et en Ituri. Plusieurs autres provinces demeurent des foyers des tensions interethniques ou du banditisme urbain à quelques jours du scrutin général en République Démocratique du Congo. Dans le cadre de la campagne de veille citoyenne et de vigilance électorale, portée par le Réseau de Promotion de la Démocratie et des Droits Economiques et Sociaux (PRODDES) et le Centre de Ressources et de Dynamisation de la Société Civile (CERDYSOC), les acteurs impliqués dans cette campagne ont exprimé leurs inquiétudes.
« Les candidats à l’élection présidentielle n’ont toujours pas signé le code de bonne conduite proposé par la CENI. Cette situation est un mauvais présage pour le processus électoral. L’intolérance politique, la violence et les discours de haine prennent plus d’ampleur au fur et à mesure qu’évolue la campagne électorale et qu’approche la date des élections du 20 décembre 2023. La scène de désolation ayant marqué l’arrivée du candidat président de la République, Moïse Katumbi, à Kindu, aggravée par la mort brutale de monsieur Dido Senga, un jeune cadre de son parti Ensemble, illustre bien cette situation. Les responsabilités doivent être bien établies et les coupables punis», ont-ils dénoncé dans un communiqué publié ce vendredi 29 novembre 2023 à Kinshasa.
Malgré l’arrêt de la Cour constitutionnelle confirmant tous les candidats à l’élection présidentielle, et par voie de fait, leur nationalité congolaise, les acteurs de la société civile impliqués dans la campagne de veille citoyenne et de vigilance électorale portée par PRODDES et CERDYSOC ont constaté que certains acteurs politiques et leaders d’opinion continuent à mobiliser la population contre certains candidats en les qualifiant d’étrangers. Selon eux, cela passe sous le silence «coupable» du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC).
« En lieu et place de présenter leurs programmes politiques et ambitions pour le pays, les candidats se vautrent dans des arguments frisant simplement des attaques personnelles et déroutant les électrices et électeurs qui ne sauront plus voter par conviction idéologique mais plutôt par sentiments subjectifs. Il est temps, surtout pour les candidats à l’élection présidentielle, de présenter urgemment au peuple leurs visions de la gestion du pays pour les 5 ans à venir. Plusieurs actrices et acteurs de la société civile s’étant engagés comme candidates et candidats aux élections actuelles, sa voix devient presque inaudible. Il est temps que celles et ceux qui y sont restés actifs, s’impliquent davantage et œuvrent pour un processus électoral équitable, pacifique et crédible», ont-ils recommandé aux candidats présidents de la République.
Le média d’Etat viole le principe d’équité dans le traitement de la communication des candidats.
La Radio Télévision Nationale Congolaise(RTNC), média d’Etat, est accusé de violer le principe d’équité dans le traitement de la communication des candidats. Les acteurs de dynamique progressiste de la société civile congolaise ont aussi constaté que les candidats de l’opposition n’ont pas les mêmes privilèges d’antenne que ceux de la majorité au pouvoir. D’après leur communiqué, des journalistes de la chaîne nationale battent campagne indirectement pour un seul camp, par leurs reportages et animations.
Alors que la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a mis en place un système qui favorise l’accréditation d’observateurs nationaux et internationaux, les acteurs de ces organisations regrettent le retrait de la mission d’observation de l’Union européenne à la suite de certains blocages constatés localement, alors qu’elle a été officiellement invitée par le gouvernement congolais. « La méfiance entre acteurs étant de plus en plus forte, les missions d’observations extérieures aux côtés d’observateurs locaux, contribuent à rassurer les parties prenantes et la population », expliquent-ils.
Par ailleurs, des rumeurs portant sur le report des élections persistent. Selon ces mouvements de la société civile, la CENI a l’obligation de rassurer la population par une communication solide et efficace. Ils estiment que laisser perdurer lesdites rumeurs, contribuera à une faible participation des électeurs et sans nul doute à la méfiance absolue.
Le PRODES et CERDYSOC ont lancé un appel à toutes les parties prenantes au processus électoral, y compris les partis politiques, les organisations de la société civile, mouvements socioculturels, les confessions religieuses et les artistes, de se rappeler que la RDC est un Etat fragile ayant besoin de plus de cohésion nationale et de tolérance politique pour « assurer son sursaut démocratique et consolider les acquis d’une longue lutte citoyenne pour un Etat de droit et de coexistence de toutes les Congolaises et tous les Congolais avec leurs différences ».